Ia orana à tous et toutes,

Pour mon dernier post de l'année, je vais vous parler d'un sujet d'actualité : le père noël.... enfin presque...  Depuis que je vis à Tahiti, j'ai vu le père noël arriver sur un faux traîneau, à cheval, en bateau, en mobylette etc... Mais cette année, le père noël a innové. Il est venu par un jour de pluie de l'océan (ce qui est normal quand on vit sur une île ! ). Mais c'est fois-ci, il est arrivé en va'a !

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Le va'a, c'est la pirogue polynésienne et j'ai trouvé ce clin d'oeil remarquable.

Il y a plus de 3000 ans, des peuples venus de l'ouest découvrent et colonisent la Polynésie occidentale (Tonga, Samoa, etc...) puis, la Polynésie orientale (Cook, les îles de Polynésie française). Navigateurs d'exception, les Polynésiens sont sans doute les premiers à avoir couvert d'aussi longues distances sur des embarcations uniquement conçues en matière végétale et sans instrument de navigation. Prouesse d'autant plus grande que plus l'on va vers l'Est, plus les distances sont longues et les îles petites.

La pirogue polynésienne est un véritable symbole du passé glorieux polynésien. Aujourd'hui, à travers l'existence de compétitions sportives, les Polynésiens ont trouvé la possibilité de faire perdurer la valeur hautement emblématique du Va'a dans la vie moderne.

La pirogue, construite selon des modèles très variés, est omniprésente dans toute l'histoire de la Polynésie. Elle était utilisée pour les voyages, les explorations, la guerre, la pêche et les transports. Autant d'utilisations essentielles pour des îliens. Sa construction suivait des rituels et donnait lieu à des cérémonies spirituelles de grande importance au sein des populations. A chaque utilisation correspondait un modèle de construction : les modèles à double coques avec voile étaient utilisés pour les voyages et les transports, les double coques à pagaie étaient destinées à la guerre ou à la pêche en haute mer (selon leur taille), les modèles simple coque à balancier étaient déclinées avec des pagaies pour la pêche côtière et avec des voiles pour effectuer de courts voyages.

Avant, la pirogue était avant tout utilitaire

Mais, si la pirogue était largement utilisée dans toute la Polynésie ancestrale, la majorité des historiens s'accorde à dire que la pratique de la course de pirogue ne faisait pas partie des coutumes polynésiennes. En effet, même si une certaine compétitivité pouvait exister dans le maniement des pirogues lors de célébrations traditionnelles, les équipages cherchaient alors à attirer l'attention et les applaudissements des chefs par des manœuvres entreprenantes, il n'y a pas trace de courses de Va'a dans l'histoire polynésienne.
Avec l'arrivée des explorateurs et la colonisation, les goélettes et autres navires occidentaux finirent par suppléer les pirogues dont l'utilisation fut réduite, progressivement, aux transports et aux pêches "lagonaires". Les rituels de construction disparurent et l'attachement des Polynésiens à cet objet symbolique fut quelque peu mis en sommeil.

Compétitivité post-européenne

Les premières compétitions de pirogue dateraient des années 1850, elles seraient nées de l'organisation d'animations nautiques très variées créées à l'occasion de fêtes patriotiques ou locales (célébration de la Reine Pomare, de l'Empereur Napoléon, etc.). Les courses de pirogue s'apparentaient plus, alors, à des compléments d'animation qu'à des événements à part entière. La traditionnelle fête du Tiurai (autour du 14 juillet) célébrée pour la première fois en 1880 fera ainsi perdurer pendant plus d'un siècle les compétitions de pirogue, sans pour autant leur donner l'ampleur que cette discipline connaît actuellement. Les courses de pirogue restent ainsi, jusqu'aux alentours de 1970, plus proches de l'animation folklorique que de la compétition sportive. Une évolution qui tend à faire diminuer le nombre de rameurs et la taille des pirogues durant cette période.

La compétition de Va'a : une expression culturelle

Plusieurs évènements populaires survenus au cours des années 70 ont véritablement ravivé l'engouement des Polynésiens pour la pirogue. En 1976 fut construite à Hawaï une pirogue double appelée Hokule'a, réplique en plastique d'une pirogue traditionnelle, elle fit la traversée entre Hawaï et Tahiti. Cet exploit sportif, expression d'une recherche identitaire polynésienne, captiva la population tahitienne. Il est écrit que 15 000 personnes acclamèrent la pirogue à son arrivée à Papeete. La même année, une pirogue tahitienne, Teremataï, gagna la compétition hawaïenne de pirogue : Molokaï.
Hawaiki Nui, pirogue double polynésienne qui rallia la Nouvelle-Zélande au départ de Tahiti en 1985, fut construite dans un même courant d'expression culturelle.
Accompagnant puis faisant suite à ces événements, les mentalités évoluèrent et le Va'a devint le sport à soutenir. Les parents encouragèrent leurs enfants à le pratiquer, de nombreux clubs se créèrent et la discipline se structura. En 1975, suivant un courant polynésien international précurseur, fut créée sur Tahiti la ligue polynésienne des piroguiers. En 1980 la Fédération Française de Pirogue Polynésienne vit le jour. Les premiers championnats du monde furent organisés en 1984 et la première course Hawaiki Nui eut lieu en 1992.
Le Va'a  a retrouvé ainsi une place prépondérante dans la société polynésienne grâce à la discipline sportive, qui elle-même doit certainement son succès auprès des jeunes générations à sa portée symbolique. En 1984, la pirogue polynésienne devient l'emblème du drapeau de la Polynésie Française.

Aujourd'hui, le va'a est un véritable sport de référence. Tahiti a remporté les championnats du monde de vitesse  en 2002, 2004, 2006, 2008 et 2011. En 2012, l'équipe tahitienne n'a pas pu concourir en raison de grèves au sein de la compagnie aérienne Air Tahiti Nui.

Et puis pour rendre hommage à ses sportifs qui perpétuent la tradition, voici une petite cartounette :

 

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Je termine ce post en vous souhaitant : 'ia 'oa'oa e teie Noera !  (Joyeux Noël)

A bientôt

Nana,